Le Black Friday survenu le 15 avril 2011 est la plus grosse affaire du poker en ligne à ce jour. A cette date trois salles ont été mises en examen et fermées aux Etats-Unis, avec parmi elles deux des plus gros opérateurs mondiaux que sont Full Tilt Poker et PokerStars. Quelques mois après ce coup de semonce, nous vous proposons de faire le point sur les effets qu’il a engendré pour y voir plus clair entre les communiqués officiels rassurants et les effets bien réels plus inquiétants.
Ce qu’il s’est passé lors du Black Friday
C’est donc le 15 avril dernier que le « Department of Justice » du Southern District de New York et le FBI en vertu du « Unlawful Internet Gambling Enforcement Act » ont inculpé les dirigeants de FullTilt Poker et PokerStars pour fraude bancaire, blanchiment d’argent et jeu illégal. Aussitôt un mandat d’arrêt international a été lancé à leur encontre et les sites en .com des deux marques fermés. Au total ce serait plus de 3 milliards de dollars qui seraient réclamés par la justice.
Très vite la planète poker s’est retrouvée en ébullition et chacun y est allé de son commentaire sur les éventuels effets concernant les joueurs français et européens. Après quelques heures il semblait ressortir qu’il était bien trop tôt pour tirer le moindre enseignement mais qu’en tout état de cause les sites en .fr des deux marques ne seraient pas impactés par cette affaire.
Qu’en est-il réellement à ce jour pour les joueurs français?
Quelques mois après ce Black Friday, les conséquences semblent être limités mais il s’avère qu’elles seront peut-être plus importantes que prévu. En effet si PokerStars semble bien tirer son épingle du jeu et n’être que très faiblement touché en Europe, l’impact est à ce jour plus important pour FullTilt Poker avec la fermeture et la perte de licence française pour cette salle. Cela met les joueurs français de cet opérateur dans une situation extrêmement délicate quand à la possibilité de récupérer l’argent sur leur compte poker.
Le président de l’ARJEL reste lui-même relativement prudent sur ce sujet en indiquant que les comptes du .fr sont séparés du .com mais en ne garantissant rien de plus pour les joueurs de l’hexagone.
La seconde conséquence est évidemment la perte de très nombreux joueurs pour ces deux marques et une chute plutôt générale du nombre d’inscrits même sur les autres réseaux. Ceci étant dit, il est difficile de savoir si cette baisse est directement liée au Black Friday ou s’il n’y a pas également un effet de saisonnalité et de saturation du marché.
De manière générale, cette affaire a généré une vague d’incertitude et de méfiance dans le milieu du poker en ligne. Même les majors du marché français comme Winamax qui pensaient en profiter ont constaté une baisse dans leur activité.
Les conséquences du Black Friday à moyen et long terme
Ce coup d’arrêt marqué par les autorités américaines participe à l’élagage d’un marché naissant et très, voire trop, fleurissant. Ainsi, ce qui a été sanctionné est le blanchiment d’argent, et non le jeu de poker en ligne en lui-même.
Une des conséquences sera le fait que les joueurs vont avoir tendance a être très prudents dans leur choix de salles, et la légalisation du poker en ligne va donc s’accélérer encore plus afin que les moyens de contrôle soient le plus présents possible.
En revanche, une deuxième conséquence pourrait bien être la mise en évidence de la faiblesse des organismes officiels qui depuis leur mise en place ont été critiqués ou caricaturés comme étant de simples moyens de taxer les salles sans garantir la sécurité des joueurs.
A ce jour, l’ARJEL est en train de passer l’épreuve du feu car si FullTilt Poker ne peut rembourser les joueurs français, c’est toute la politique d’attribution des licences qui sera remise en cause.
Le Black Friday aurait pu être un cataclysme pour le poker en ligne mondial mais finalement les choses ne vont pas si mal et même si l’activité a été ralentie, elle est très loin d’être anéantie. A terme, cet évènement sera probablement regardé comme ceux qui ont eu lieu à l’époque où Charles Brunson participait au « nettoyage » du poker en salle pour lui donner ses lettres de noblesses.